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Cela faisait cinquante ans que le liège entourait ces chênes majestueux situés au col de la Dona, près de Perpignan. Dans les Pyrénées-Orientales la "levée" est une période sacrée pour un bois toujours utilisé. Les arbres, abandonnés depuis plusieurs décennies, ont été délestés de leur épaisse écorce par les nouveaux propriétaires.

C'est un îlot de grands chênes lovés au beau milieu des vignobles. Sur les contreforts du col de la Dona, entre Pézilla-la-Rivière et Estagel, une parcelle d'un hectare et demi. Laissés à l'abandon depuis plusieurs décennies, les arbres, majestueux, se sont recouverts au fil du temps de leur épais manteau de liège. Un manteau devenu bien trop épais et qu'il faut maintenant lever. Selon Claude Pagnon, sylviculteur en charge de l'opération, certains pourraient avoir un demi-siècle. Trop vieux ? Pas forcément. Les premiers bois récoltés sont plutôt prometteurs.

On voit la qualité du liège parce qu'il n'y a pas beaucoup de marbrures. Quand c'est uni, que c'est propre, ça veut dire que le liège sera de bonne qualité.

Claude Pagnon, Sylviculteur

Il y a dix ans le Domaine Gayda achetait une dizaine d'hectares de vigne près du col de la Dona. A côté, il y avait donc cette parcelle de chêne-liège, ancienne propriété ou arbres sauvages, ce qui est certain c'est que le tout a été laissé à l'abandon. Progressivement, l'idée est venue d'exploiter la parcelle. Une exploitation plus pour le principe que pour la rentabilité.

Ça n'est pas avec ces quelques chênes qu'on pourra faire tous les bouchons dont on aura besoin. Mais en tout cas, ça reste dans un cercle d'utiliser les ressources naturelles qui sont présentes localement.

Lucie Kempnich, Maître de chai Domaine Gayda

Si la quantité de liège à récolter reste somme doute anecdotique devant la production du domaine viticole audois, l'envie est quant à elle bien présente. Transformer le bois tendre en bouchon pour leur cuvée iconique , tout un symbole.

La demande en liège augmente. Le retour au bouchon en liège dans le monde du vin est important. Ça revient. Et puis c'est important d'entretenir la forêt. Donc ça n'est pas tant pour de la rentabilité financière mais aussi de la rentabilité naturelle.

Pierre Feracci, Responsable commercial Amorim Producteur de liège

Si le temps le permet, tout le liège de la parcelle sera levé en quelques matinées. Il faudra ensuite attendre douze à quinze ans pour que les arbres produisent à nouveau une écorce exploitable.

Écrit en collaboration avec Philippe Georget et Laura-laure Galy

Article original publié par France3 Régions le 07/07/2023 à 06:10